Analyse de la CFE-CGC sur les réponses du Premier Ministre au référé de la Cour des comptes

Cet article constitue l’analyse de la CFE-CGC des réponses du Premier ministre au référé émis récemment par la Cour des comptes au sujet de l’IRSN. Nous vous invitons à prendre préalablement connaissance de notre article abordant le référé et la réponse du Premier ministre qui figure ici.

1a- Le financement de l’IRSN

Le Premier ministre indique qu’une vigilance particulière sera apportée par le gouvernement sur « les coups de rabot » en loi de finances, c’est-à-dire sur les réductions arbitraires des montants des financements initialement votés afin de réaliser des économies sur le budget de l’État. La CFE-CGC prend acte de cette annonce et vérifiera la manière dont le gouvernement exerce cette vigilance dès la loi de finances 2022.

De plus, la CFE-CGC se félicite que, comme le rappelle le Premier ministre, la baisse de la contribution soit compensée par une hausse équivalente de la subvention.

La CFE-CGC partage totalement l’analyse de la Cour concernant le budget de l’IRSN et s’inquiète de la réponse du Premier ministre qui ne semble rechercher l’équilibre à terme de ce budget que par la baisse des dépenses et par des efforts d’optimisation en tout genre, en cours ou à venir.

La CFE CGC estime que ces mesures de réduction et d’optimisation des dépenses ne sont pas sans conséquences. Ainsi, le plan Noria, clos en juin 2021 et qui est notamment cité, a pu conduire à une perte de compétences occasionnée par le départ accéléré de salariés chevronnés. La CFE-CGC rappelle l’importance pour l’IRSN de disposer d’un capital humain expérimenté et rémunéré à la hauteur de ses missions.

Le Premier ministre estime qu’il sera opportun d’étudier de nouvelles économies au regard des priorités et des missions de l’Institut établies à partir d’une revue stratégique de ses activités. Le rapport d’auto-évaluation que l’IRSN doit remettre au HCERES sera une première étape en ce sens.

La CFE-CGC observe que cette préconisation pourrait remettre en cause la partition des activités de recherche et d’expertise en conduisant les premières en deçà de 40 %, valeur minimale toujours défendue par l’Institut pour la recherche.

En conclusion, la CFE-CGC considère que d’importants efforts ont déjà été réalisés par l’Institut et ses salariés pour maîtriser son budget. Même s’il existe encore quelques axes d’améliorations, il appartient à l’Etat de s’assurer que l’IRSN dispose, de façon pérenne, des moyens, financiers, techniques et humains, nécessaires à la réalisation de ses missions, tant en termes d’expertise que de recherche. Ces éléments sont d’autant plus importants dans un contexte de lancement de nouveaux programmes de réacteurs nucléaires en France pour lesquels l’Institut devra se mobiliser.

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1b- la lisibilité des moyens consacrés à la sûreté nucléaire

Dans la réponse apportée au paragraphe consacré à la meilleure lisibilité du dispositif de gestion de crise et les compétences en dosimétrie, le Premier ministre rappelle le choix fait par la France de dissocier l’autorité chargée du contrôle de la sûreté (ASN) de l’appui technique (IRSN). Il considère que cette séparation a des implications opérationnelles car elle exige pour l’IRSN de maximiser les recettes externes en complément des subventions et des recettes fiscales.

S’il est difficile de voir le lien entre le modèle dual et la nécessité de maximiser les recettes propres, la CFE-CGC comprend de cette réponse que le Premier ministre souhaite que l’IRSN augmente ses ressources propres pour parfaire son budget.

La CFE-CGC considère que le développement d’activités externes supplémentaires nécessite la mise en œuvre de moyens supplémentaires qui ont un coût. La CFE-CGC émet des doutes sur la possibilité de dégager un bénéfice net suffisant pour financer significativement les autres activités de l’IRSN.

La CFE-CGC souhaite également rappeler les réticences de principe, notamment déontologiques, de l’IRSN à développer l’aspect « Commercial » de son statut d’Établissement Public Industriel et Commercial. Par ailleurs, comme le rappelle opportunément la Cour, les règles de la gestion publique peuvent représenter un handicap pour les activités soumises à la concurrence du marché.

Pour ce qui concerne la lisibilité des moyens budgétaires à améliorer (recommandation n° 1 de la Cour) la CFE-CGC n’a pas de remarque à formuler sur la réponse défavorable apportée par le Premier ministre et souhaite surtout que l’IRSN garde son indépendance financière par rapport à l’ASN.

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2a- le dispositif de gestion de crise

La CFE-CGC note que le Premier ministre ne se positionne pas sur la recommandation n°2 concernant la transmission en temps réel des données techniques des installation en cas d’accident étendue à tous les exploitants. La CFE-CGC n’a pas de position sur ce sujet, mais note les nombreuses réserves émises par le Premier ministre qui constituent en soi une réponse.

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2b- les compétences en dosimétrie

La CFE-CGC n’a pas non plus de remarque sur la recommandation n° 3 relative à la mobilisation d’un stock national de dosimètre, qui parait pertinente, mais s’étonne de l’absence de réponse de la part du Premier ministre, alors que cette recommandation qui semble issue d’un REX Covid-19 peut, selon la Cour, concerner également les pays limitrophes. La CFE-CGC demandera à la Direction de l’IRSN de s’informer auprès de ses tutelles sur cette mission supplémentaire possible de l’IRSN.

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3- l’avenir du réacteur CABRI et du programme d’essais.

La CFE-CGC note que le Premier Ministre partage la position de la Cour sur la décision à prendre rapidement au sujet de la poursuite ou non du programme d’essais et de l’exploitation de CABRI. Ces positions vont dans le sens de la Direction de l’IRSN que la CFE-CGC partage sur l’arrêt du programme CIP en 2024 afin de diminuer dès que possible la participation de l’IRSN aux frais d’exploitation du réacteur CABRI.

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En conclusion, la CFE-CGC se rapprochera de l’ensemble des organisations syndicales pour demander rapidement un entretien avec le Commissaire au gouvernement de l’IRSN afin de présenter leur point de vue sur ces sujets. Nous vous remercions des commentaires que vous voudrez bien nous apporter sur l’analyse de ces sujets importants pour l’avenir de l’IRSN et de ses salariés.

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Contrôle de l’IRSN par la Cour des comptes et réponse du Premier ministre au référé.


La Cour des comptes vient de mener un contrôle sur l’IRSN portant sur les exercices 2013 à 2019. Le rapport de ce contrôle ne sera pas rendu public mais la Cour a publié un référé adressé par son Premier président au Premier ministre afin de lui faire part des constatations de la Cour à l’issue de ce contrôle. https://www.ccomptes.fr/fr/documents/57216.

Les constatations formulées par la Cour portent sur les sujets suivants :

1- le financement de l’IRSN et la lisibilité des moyens consacrés à la sûreté nucléaire ;
2- le dispositif de gestion de crise et les compétences en dosimétrie ;
3- l’avenir du réacteur CABRI et du programme d’essais.

En conclusion de ce référé, la Cour a émis trois recommandations.

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Le Premier ministre a répondu à ces constatations et recommandations par une lettre datée du 7 octobre 2021. https://www.ccomptes.fr/fr/documents/57217


1a- le financement de l’IRSN

La Cour alerte sur la baisse des recettes de l’IRSN : baisse de 10 % du budget total entre 2013 et 2019 (1) et diminution prévisible de l’assiette de la taxe sur les installations nucléaires (2).

La Cour estime que l’équilibre entre les recettes et les dépenses s’effectue au détriment de l’investissement (renouvellement des matériels, aménagements et plateformes techniques). Pour atteindre l’équilibre, la Cour note également une réduction de certaines dépenses de fonctionnement et des vacances de postes. En conclusion, la Cour estime que le budget de l’IRSN n’est plus soutenable au regard de ses missions et invite les tutelles à réexaminer la nature et le niveau de ses ressources.

Face à ce constat préoccupant de la baisse du financement de l’institut, le Premier ministre se contente de répondre qu’une « vigilance particulière » sera apportée par le Gouvernement sur les coups de rabot pratiqués en loi de finances et rappelle que la baisse du rendement de la contribution versée par les exploitants nucléaires est compensée depuis la loi LFI 2021 par une subvention équivalente.

Pour le reste, le Premier ministre compte sur les efforts entrepris par l’IRSN pour réduire et mieux maitriser ses dépenses : efforts sur la maitrise des dépenses de fonctionnement, meilleure efficacité de la passation des commandes, travaux d’amélioration dans l’immobilier permettant l’économie d’énergie et la réduction des coûts de maintenance, réduction des dépenses salariales par le plan « Noria ». Le Premier ministre reconnait cependant que l’IRSN doit envisager des économies supplémentaires au regard des priorités de ses missions

(1) les subventions de l’IRSN sont en général à peu près reconduites, en euros constants, mais subissent souvent un coup de rabot annuel en loi de finances : la réduction de budget en six ans atteint environ 20 % en tenant compte de l’inflation alors que les missions ne cessent de croître,

(2) la contribution des exploitants qui baisse est due aux installations nucléaires de base qui sont regroupées ou déclassées après assainissement.

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1b- la lisibilité des moyens consacrés à la sûreté nucléaire

La Cour pointe également, à l’encontre de la Direction du budget de l’État, la mauvaise lisibilité des moyens consacrés à la transparence et au contrôle de la sûreté nucléaire et de la radioprotection. Dans cette constatation l’IRSN ne semble pas être visé puisque la Cour note que « les documents financiers de l’IRSN incluent une présentation du budget par activités et par missions, qui constitue un outil d’information et de pilotage précieux ». La Cour émet une première recommandation sur ce sujet.

Le Premier ministre se dit défavorable à la recommandation n°1 pour deux raisons :

  1. L’information souhaitée existe déjà et l’ajout d’une annexe à la loi de finances alourdirait encore la documentation budgétaire alors qu’il conviendrait plutôt de rationaliser cette documentation.
  2. le regroupement des crédits alloués à l’ASN, l’ASND et à l’IRSN dans une annexe à la loi de finances donnerait le sentiment d’une unité d’organisation des moyens alloués alors que la France a choisi de dissocier l’autorité chargée du contrôle de la sûreté de son appui technique (qui conduit des recherches et apporte de l’expertise).

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2a- le dispositif de gestion de crise

La Cour note qu’en cas d’incident grave ou d’accident, une liaison informatique reliant chaque centrale nucléaire d’EDF avec le centre de crise de l’IRSN, permet à ce dernier de recevoir des données techniques d’exploitation de l’installation en temps réel, nécessaires à son expertise. La Cour estime que cette transmission automatique des données devrait être exigée des autres exploitants d’installations nucléaires présentant un risque significatif pour la population en cas d’accident et émet la recommandation n°2 en ce sens.

Dans sa lettre de réponse, le Premier ministre évoque ce sujet mais ne se positionne pas sur la recommandation n°2 qui, selon lui, n’a pas pu faire l’objet d’une analyse approfondie et aboutie par le Gouvernement à ce stade. Toutefois, le Premier ministre attire l’attention de la Cour sur les contraintes inhérentes à une telle hypothèse : l’impact pour les exploitants, les investissements et les moyens de fonctionnement supplémentaires de l’IRSN ainsi que les risques de malveillance et de cybercriminalité dans la transmission accrue de données.

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2b- les compétences en dosimétrie

La Cour note que l’IRSN réalise des prestations de service en matière de dosimétrie passive (3) en préparant et expédiant des dosimètres passifs et en assurant ensuite le suivi des doses reçues par les travailleurs porteurs de ces dosimètres. La Cour fait remarquer que cette activité est soumise à la concurrence du marché alors même que les règles de la gestion publique pouvaient représenter un handicap pour l’IRSN sur ce segment d’activité.

La Cour attire l’attention sur l’absence de stock conséquent de dosimètres opérationnels (4) qui se révéleraient indispensables en cas d’accident conduisant à des rejets nucléaires. La Cour estime ainsi nécessaire de constituer un stock national de dosimètres opérationnels, logiquement géré par l’IRSN qui en évaluerait préalablement la taille. La Cour a émis la recommandation n°3 en ce sens.

Dans sa lettre de réponse le Premier ministre passe sous silence la recommandation n°3 concernant la constitution et la gestion d’un stock national de dosimètres opérationnels.

(3) les dosimètres passifs, de la taille d’un badge, mesurent les doses reçues en lecture différée. Ils doivent être traités en laboratoire pour la lecture des doses reçues.

(4) les dosimètres opérationnels, de la taille d’un téléphone portable, sont à lecture immédiate et directe ; la dose reçue s’affiche instantanément sur l’appareil grâce à un affichage numérique.

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3- l’avenir du réacteur CABRI et du programme d’essais.

S’agissant de l’avenir du réacteur et du programme d’essais en cours Cabri, la Cour alerte le Premier ministre sur la dérive considérable en termes de délais et de coûts depuis l’élaboration de ce programme. La Cour estime que la charge financière pour l’IRSN est maintenant trop forte. Elle considère que la pertinence du programme Cabri doit être réévaluée à l’aune de son apport à la recherche scientifique française et à la sûreté nucléaire, et qu’en cas de poursuite, il conviendra de réexaminer les conditions de participation financière de l’IRSN à ce programme.

Curieusement, la Cour n’émet pas de recommandation explicite sur ce sujet important, mais le Premier ministre répond à la Cour. Il partage la position de la Cour sur la nécessité de prendre la décision de poursuivre ou non l’intégralité du programme d’essais prévus et, au-delà, l’exploitation du réacteur au regard de son utilité vis-à-vis de la recherche en matière de sûreté du combustible. Le Premier ministre annonce une décision au plus tard à la fin de l’année 2021.

voir l’article sur l’analyse de la CFE-CGC des réponses du Premier ministre au référé de la Cour des comptes

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Ouverture de négociations pour la mise en place du forfait mobilités durables

Lors de la réunion de négociation du 18 novembre, la CFC-CGC a demandé l’ouverture de négociations pour la mise en place d’un forfait mobilités durables à l’institut. Ce dispositif, qui vise à favoriser l’utilisation des transports à faible empreinte écologique, permet la prise en charge des trajets « domicile-travail » par l’employeur. Le montant de cette prise en charge peut atteindre 600 € exonérés d’impôt, par an et par salarié, et peut se cumuler à la participation de l’employeur aux frais de transport en commun.

Les modes de transports éligibles au forfait mobilités durables sont le vélo, avec ou sans assistance électrique, les engins de déplacements individuels, cyclomoteurs et motocyclettes, l’autopartage avec des véhicules électriques, hybrides rechargeables ou à hydrogène et les transports en commun hors abonnement. Suivant le mode de transport considéré, le forfait peut être versé sous différentes formes (forfaitaire, par kilomètre parcouru, participation aux dépenses, etc.) qui feront l’objet des négociations à venir.

Au cours de ces négociations, dont la première a été fixée le 15 décembre 2021, la CFE-CGC s’attachera à ce que le forfait mobilités durables soit mis en œuvre de façon simple, claire et souple, afin de faciliter la démarche des salariés souhaitant réduire leur impact écologique.

Pour en savoir plus : https://www.ecologie.gouv.fr/faq-forfait-mobilites-durables-fmd

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Négociation sur le télétravail

Dans le cadre de la révision de l’accord relatif à la qualité de vie et des conditions de travail, la négociation relative au chapitre sur le télétravail s’est ouverte le mercredi 22 septembre 2021. Elle fait suite au tour de table du 22 juillet 2021 au cours duquel la CFE-CGC avait été la seule à présenter par écrit sa position ci- jointe.

Pionnière dans la promotion du télétravail à l’IRSN, la CFE-CGC a notamment défendu lors de cette réunion la possibilité de télétravailler jusqu’à trois jours en moyenne par semaine. Cette possibilité permettrait de mieux équilibrer les vies familiale et professionnelle de nombreux salariés et permettrait également de réduire le nombre de trajets domicile travail et donc les nuisances associées, que ce soit en termes de temps perdu, de consommation de carburant ou de trafic.

Trois jours par semaine est aussi le quota autorisé dans la fonction publique depuis un récent accord ayant fait l’unanimité des syndicats.

Lors de cette négociation, la CFE-CGC a perçu un début d’évolution positive dans ce sens par les autres syndicats et la Direction qui propose de cumuler le télétravail régulier (pouvant aller jusqu’à un forfait de 80 jours) avec 20 jours de travail occasionnel (ancien travail exceptionnel hors site), ce qui porterait à 100 le nombre de jours de télétravail autorisés par an.

La proposition de la CFE-CGC de porter à 30 le nombre de jours par an du travail occasionnel est également à l’étude.

En outre, en réponse à la demande de la CFE-CGC, la Direction propose d’élargir à des situations non médicale, personnelle ou professionnelle, les cas pour lesquels le télétravail peut être accordé en plus grande proportion (120 à 140 jours par an, voire plus).

La prochaine réunion de négociations sur ce sujet est prévue le 8 octobre 2021, avec l’objectif de conclure un accord avant le 15 octobre pour une application au 1er janvier 2022.

N’hésitez pas à nous faire part rapidement de vos remarques, auprès du représentant CFE-CGC de votre choix ou par mail à l’adresse irsn.cgc@irsn.fr.

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